O'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
5—me Année. Samedi 29 Mai 1869. N° 5?390.
v~
FILS ET SOLDAT.
APRES.
PROPAGATEUR
FOI CATHOLIQUE. - CONSTITUTION BELGE.
REVUE POLITIQUE.
Les Corlès espagnoles ont enfin voté les
derniers articles de la Constitution, mais
la question du choix d'un souverain reste
enveloppée des mêmes incertitudes. Les
hésitations du gouvernement provisoire et
de la majorité monarchique des Corlès
entretiennent les espérances des républi
cains, qui viennent de déclarer par la bou
che d'un de leurs orateurs qu'ils ne pren
dront point part aux fêtes inaugurales de
la Constitution. La mènr orateur a prédit
au futur monarque le soi tle Maximilien.
Il ne paraît pas, d'aprè fes dépêches de
Madrid, qu'aucune voix s soit élevée pour
protester contre cet outrée jeté la face
de l'Espagne.
Il reste encore en France quelques traces
de l'efTervescence dont les élections des 23
et 24 mai ont été l'occasion. Dans plusieurs
villes des départemenis, notamment Lille,
Amiens et Toulouse, les vaincus du
vote populaire se sont livrés deux jours tle
suite des manifestations séditieuses, diri
gées contre les postes de police, contre les
établissements religieux ou contre le do
micile des députés élus. A Amiens, les
mécontents ont été plus loin et ils ont tenté
«l'élever des barricades dans les rues. L'in
tervention de la force armée a réussi
rétablir l'ordre partout, en dispersant les
rassemblements hostiles et en arrêtant les
meneurs les plus exaltés. Sur aucun point
la troupe n'a dû faire usage de ses armes.
La situation est définitivement dessinée
pour les scrutins de ballottage Paris La
lutte sera, dans la 2' circonscription, entre
M. Thiers et M. Devinck; dans la 5", entre
M. Kaspail et M. Garnier Pages; dans la 6',
entre M. Cochin et M. Jules Ferry; dans la
7", entre M. Jules Favre et M. Kochefort.
Nous recevons de Florence quelques
renseignements sur l'assassinat du consul
i.
Napoléon avait besoin d'hommes poor battre les
Autrichiens; la conscription de 1809 se chargea de
lui en fournir. Elle s'insinua dans les familles, et,
marquant du doigt toutes les têtes de vingt ans,
elle parcourut toole la France entière, sans pitié
pour les larmes des mères et des sœurs. Au milieu
des sanglots et des cris de douleur maternelle, elle
continoa sa tâche, et bientôt cent mille hommes se
trouvèrent sur pied, prêts b satisfaire l'insatiable
voracité de la guerre. Forts et faibles, riches et pau
vres, tout fut désigné, tant était grand le besoin que
la patrie avait de défenseurs! La conscription, tra
çant dans les familles un énorme sillon, y laissa le
videet lesregrets. Chaque mère la mauditeo serrant
convulsivement son fils entre ses bras; chaque-sœur
versa des larmes en pensant b son frère dont elle
allait se séparer, pour toujours peut être; chaque
jeune fille s'abandonna b une douleur jalouse, en
voyant l'époux qui allait devenir le sien passer aux
bras de l'avide conscription, sa rivale cruelle. De
leur côté, les pères, quoique affligés jetaient sor
l'avenir des yeux où l'espérance d'une épaulette
pour leur fils dominait la tristesse. Les jeunes gens,
d'Autriche Livourne; il paraîtrait que ce
fonctionnaire a été tué par erreur. Les as
sassins en voulaient la vie de son compa
gnon, le comte de Crenneville, qui n'a été
que blessé. C'est la vengeance qui a inspiré
le crime. Les assassins ont voulu frapper le
général autrichien pour la conduite qu'il a
lenueà Livourne en 1849, après la prise de
celte ville par les troupes sous ses ordres.
S'il faut en croire les informations du
Mémorial diplomatique, le prince de Hohen-
lohe protesterait hautement contre l'in
tention qu'on lui prête d'avoir voulu, par
la circulaire dont nous avons parlé il y a
quelques jours, exciter les méfiances des
puissances catholiques contre les tendances
du futur Concile.
Nous croyons peu la bonne foi de ces
explications de Ml de Hohenlohe; mais ce
qui parait certain, c'est que, contrairement
ce qu'afiirmaient certains journaux
prussiens, la cour des Tuileries a répondu
la circulaire bavaroise qu'elle était d'avis
qu'il serait prématuré de concerter entre
les puissances catholiques des mesures
communes avant de connaître le program
me du Concile, et qu'en tout cas elle en
tendait, pour sa part, ne s'inspirer que du
soin de ses propres intérêts et par consé
quent se réserver une complète liberté
d'action.
Les adversaires du bill pour l'abolition
de l'Eglise d'Irlande continuent de s'agiter
en Angleterre. Ils ont tenu un nouveau
meeting Birmingham, et viennent d'a
dresser la Chambre des lords une nou
velle pétition pour protester contre ce
qu'ils appellent la violation du priucipe
protestant dans le Royaume Uni.
La Chambre desreprésentantsa continué
mercredi la discussion des articles du
projet de loi relatif la milice.
M. Sabatier a déposé le rapport de la
enfin, saisis du vertige de gloire qui tournait toutes
les têtes celte époque, furent les seuls qui firent
la conscription un accueil franc et joyeux ils souri
rent b sod approche, et partirent, oubliaut bientôt
les adieux de leurs mères, de leurs sœurs éplorées,
et rendus presque égoïstes par leur courageuse ar
deur, C'est qu'elle était bien brillante, l'auréole
glorieuse qui couronnait le froot de l'empereur,
et dont les rayons versaient de l'éclat sur tous ceux
qui faisaient partie de l'armée française!
Cependant tous ne partirent pas avec joie; il y en
eut qui répandireol des larmes c'est que ceux-lâ
laissaient peut être derrière eux une mère malade
qu'ils craignaient de ne plus revoir; c'est que, chez
eox, les idées de gloire n'étaient pas assez exaltées
pour anéantir tout autre sentiment. Parmi ces der
niers, il eo fut un, entre autres, pour qui s'éloigner
de France était un de ces malheur! qui laissent une
impression ineffaçable.
Victor Dervjlle était dans sa vingtième aunée,
mais sa complexion débile lui donnait l'apparence
d uo enfant ds seize ans. Des maladies longues et
cruelles avaieot fait craindre pour ses jours pendant
son enfance, et, depuis cinq ans seulement, les soins
empressés de sa mère étaient parvenus b le rendre
b la sauté. La pauvre femme se trouvait heureuse
et fière de son succès elle avait arraché son fils b
la mort qui le convoitait depuis si longtemps.
section centrale sur le projet de loi con
cernant le remboursement de l'emprunt
de 30 millions 4 p. c. et modifiant le
régime du remboursement des dettes
4 1/2 p. c.
LaChambredesreprésentants a continué
hier la discussion du projet de loi sur la
milice. Le débat a été repris sur la question
de l'exemption des ministres des cultes et
des élèves en théologie.
La commission chargée d'examiner le
projet de loi fixant les limites entre la
Belgique et les Pays-Bas dans le Zwyen a
adopté le projet de loi l'unanimité.
Voici le programme des morceaux
d'harmonie qui seront exécutés le diman
che 30 mai 1869, 6 heures du soir, la
Société de la Concorde (exIra miiros), par
la musique du 10e régiment de ligne sous
la direction de M. Waliiain
i° Quadrille. Bousquet.
a* Ouverture de Beatiix di Tecda. Bellini.
5* Vivat, polka. V. Bender.
4' Ou verture de Marco Spada. Auber.
5' Pot pourri de Zampa. Herold.
6° Valse. Strauss.
NOUVELLES DIVERSES.
La ligne du chemin de fer de Renaix
Courtrai qui doit relier cette dernière ville
Mons et Charleroi, sera ouverte au
public le 1" Juin. Les trains feront halte
Amougies, Orroir, Avelghem, Moen et
Sweveghem.
Un infanticide vient d'être commis
Coerne. Une femme mariée, la nommée
Louise Vermeulen, a étouffé son enfant^
nouveau-né, et après avoir tenu ce petit
cadavre caché sous ses literies pendant
deux jours, l'a enterré dans un bois sur la
Quelle joie poor elle de le voir prendre peu b peu
la force d'un jeune homme, se développer, croître,
pour ainsi dire, sous ses yeux! Aussi, comme elle
lui prodiguait ses tendresses! Victor était l'objet
de ses attentions continuelles; elle ne vivait que
poor lui et par loi. Sûre désormais de le posséder
près d'elle bien portant, elle goûtait un bonheur
que n'empoisonnait pas le souvenir de ses peines
passées; et cependant les yeux de la bonne mère
avaient été bieD souvent mouillés de pleurs, même
avant qu'elle eût b craindre pour la vie de son en
fant. Malheureuse en ménage, elle avait vu son
mari, homme brutal et dur, l'abandonner poor se
iivrer b des spéculations hasardeuses, et quitter la
France, après avoir b peine assuré son existence par
one modique pension. Ainsi délaissée, elle bénit le
Ciel, qui l'avait rendoe mère; tout son amour
d'épouse se fit amour maternel, et fut pour son fils.
Qu'on juge donc de ses craintes, de ses douleurs,
quand elle commença celte lutte de dix ans avec
la maladie! Oh! je vous l'ai dit, les yeux de la pau
vre femme avaient été bien souvent mouillés de
pleurs. .Mais,depuis cinq ans, plus de chagrins, plus
rien qu'un fils b entourer de soins et d'amour!
Victor,de soo côté, n'avait quesa mèreau monde.
Toutes ses affections étaient Ib il lui semblait que.
sans elle et loin d'elle, il aurait été comme une jeune
plante privée de son tuteur. Leurs deux existences