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Duchatelet, qui avait quitté Gand le jeudi
6 janvier, était revenu son logement le
lundi suivant avec les cicatrices dont nous
parlé hier. Il partit pour Roubaix ou Lille.
Remarquant le silence de la presse et
croyant que la disparition de Vâto Nieu-
wenhuyse passait inaperçue» Duchatelet
rentra samedi soir Gand, où la police
l'arrêta de suite et, après une comparution
devant le juge d'instruction, le conduisit
en prison.
Jusqu'ici lisons nous dans un jourua
de Garni, rien ne prouve d'une manière
certaine qu'un assassinbt a été commis,
puisque Van Nieuwenhuyse n'a pas été re
trouvé. Ce qui est certain c'est que depuis
la disparition de Van Nieuwenhuyse et le
retour de Duchatelet de son voyage Lan-
deghem, ce dernier s'est livrer des dé
penses extraordinaires. Il a acheté entre
autres dès meubles, des literies, une mon
tre en or, etc. Il a même payé d'anciennes
dettes et il a été trouvé nanti d'une somme
relativement importante en Or.
On assure que c'est on habitant de
Confirai qui a gagné le lot de 25,000 fr. au
dernier tirage de l'emprunt de la ville de
Gand.
On lit dans la Meuse i Les journaux
radicaux continuent charger lë prince
Pierre-Bonaparte de tous les méfàits pos
sibles, sans se soucier de la grave position
d'accusé dans laquelle il se trduve et tjbl
commandé la réservé, lis en Font uu ogre
delà pire espèce, incapable d'aucun senti
ment généreux ou honnête. Voici cepen
dant un fait qui nous a été raconté et qui
prouve que si le prince a souvent été vio
lent et irréfléchi, cette violence et cetté
irréflexion ont été quelquefois utiles ses
semblabes.
Le prince chassait dans la forêt de
Chiny, une des plus giboyeuses de la pro
vince du Luxembourg. Pierre Bonaparte,
suivi de quelques paysans qui l'accompa
gnaient volontiers dans ses excursions
cynégétiques, met sur pied un sanglier,
vieux solitaire, connu depuis longtemps
des gardes de la forêt. Rapide commê
l'est un chasseur habile, le prince lui en
voie une balle la tête.
Malheureusement, le projectile labouré
simplement la hure sans pénétrer. L'ani
mal, fou de douleur, se retourne et s'élan
ce avec rage sur un des suivants de Pierre
Bonaparte. Cet homme, déjà âgé, est ren
versé sous le sanglier, qui cherche Fé-
ventrer. Le prince dont la carabine était
déchargée, voit le danger que court le
malheureux, et, sans penser aux risques
d'une lutte inégale, se jette corps perdu
sur le terrible animal, le saisit la tête et
lutte avec lui pour l'arracher loiu du
vieux traqueur.
Chasseur et sanglier roulent dans la
boue. On entend un grognement sourd
c'est le sanglier qui râle, frappé au cœur
par le couteau de chasse du prince.
L'homme était sauvé. Telle avait été la ra
pidité avec laquelle Pierre Bonaparte avait
agi que pas un des hommes qui se trou
vaient avec lui n'avait eu le temps de lui
prêter main-forte.
C'est le tonnerre que cet homme là, di
saient les paysans ahuris.
Et on trinqua en pleine forêt la santé
du prince, qui venait de sauver la vie d'un
pauvre diable, père d'une nombreuse fa
mille, au risque de se faire découdre par le
terrible sanglier.
Nous lisons dans le Producteur de
Leuze Un jeune enfant de six ans, le fils
d'un ouvrier surnommé le caraco, habitant
Je chemin Walter, a été, dimanche dernier,
victime de son imprudence. Il jouait, avec
d'autres enfants* sur le chemin de fer
Hainaut Flandres, la traverse de la fon
taine, t out coup le train venant de Gand
4 heures de relevée survient; les gamins
s'enfuirent, mais l'un d'eux suivit la voie
ferrée et se fil prendre par le tampon de la
machine. Le pauvre enfant a été lancé
dans le fossé d'accotement, d'où il fut re
tiré immédiatement ayant la tête enfoncée
dans la vase. Il Était cessé de vivre.
Dans le canton d'Unterwalden, près
de Sarnen, on vient d'enlever le gibet qui
se trouvait là depuis des siècles. Doréna
vant les exécutious se feront, comme en
Angleterre et en Prusse, dans l'intérieur
de la prison, en présence seulement des
autorités et d'un jury chargé de constater
l'identité du criminel.
Le 12, près de Leignitz (Silésie), une
bande d'enfaots s'amusait glisser et
patiner sur le lac de Kunilz tout coup
la glace se rompit et seize de ces pauvres
petits enfoncèrent dans l'eau aucun n'a
pu être sauvé.
Il s'est formé Berlin une société
philanthropique qui n'a pour unique fonds
que les bouts de cigares que les fumeurs
de bonne volonté veulent bien lui faire
parvenir avec le produit de celte minime
obole, elle a, Noël, fait entièrement ba
biller de neuf 16 pauvres enfants, et a
encore pu leur donner quelques friandises
et jouets comme cadeaux. *>orj
-*• Les nouvelles de la santé de Tempes
reur Alexandre ne sont rien moins que
rassurantes. fo-ioqmuJ
L'affection dont le Czar est atteint, dit le
Mériiorial diplomatique, loin dé céder aux
efforts de la science, fait de sensibles pro
grès, au point que tout son entourage a
été douloureusement frappé de l'altération
de ses traits lors de son retour de Livadia
dans la capitale. Le Czar souffre d'une
maladie de là rate, maladie qui engendre
l'hypocondrie aussi le voit-on avec regret,
loi qui se plaisait tant au sein de sa famille
s'enfermer durant des journées entières
daDS Son cabinet, refnsant de recevoir
qui que ce soit et prenant pour toute
nourriture quelques biscuits trempés dans
du vin de Bordeaux.
L'Impératrice, qui elle même n'est point
rétablie des fièvres intermittentes dont
elle avait été prise Livadia et qui aurait
tant besoin de passer l'hiver sous le ciel
tiède de l'Italie, n'ose, par un sentiment
de dévouement conjugal, quitter son au
guste époux, qu'elle entoure des soins les
plus touchants.
On conçoit aisément les préoccupations
auxquelles la maladie de l'Empereur et
l'état précaire de la santé de l'Impératrice
donnent lieu dans les sphères gouverne
mentales de la Russie.
FRANCE»
La Gazette des Tribunaux dit que l'ins
truction de l'affaire Pierre Bonaparte
prend des développements inattendus. De
nouveaux témoins ont été appelés.
Une grève générale s'est déclarée dans
la matinée.
Dix mille ouvriers ont cessé les travaux
l'occasion de l'offre qui leur a été faite
spontanément par les chefs d'usine de
laisser aux ouvriers eux mêmes l'adminis
tration de leur caisse de prévoyance.
La grève a commencé premièrement
l'atelier de construction, d'où sont partis
les meneurs, qui ont arrêté successivement
les travaux des forges, des hauts-fournaux
et des mines.
On croit que la grève |sera de courte
durée.
Un fait extraordinaire, dit le Courrier
de Marseille, s'est produit Marseille lundi
5 janvier, il y a eu ce jour-là l'état civil
de notre ville, 101 déclarations de nais
sances.
Depuis que Marseille existe, on n'avait
jamais eu enregistrer, dans un jour, un
aussi grand nombre de naissances.
Il est vrai qn'il y a cinq 00 six ans on
constata comme chose étonnante l'inscrip
tion dans une seule journée de 85 nais
sances; mais ce chiffre est aujourd'hui bien
dépassé.
La moyenne ordinaire des naissances
est, Marseille, de 30 40 par jour.
Les statistiques criminelles des mi
nistres de la justice» dit la Gazette de Erance,
ne sont régulièrement publiées que depuis
1826. Ce n'est doue que depuis cette époque
qu'il est possible d'établir exactement la
statistique des condamnations mort pro
noncées par les cours d'assises de France
et qui ont reçu leur exécution
De 1826 1830il y a eu 554 condam
nations, dont 360 suivent leur cours.
La révolution de juillet éclate Les cir
constances atténuantes permettent d'abais
ser la peine d'un ou de deux degrés. Immé
diatement les chiffres décroissent d'une
façon sensible.
De 1851 1835, 327 condamnations qui
n'enlfaioeat que 154 exécutions
De 1836 f 1840,197 condamnations, 147
exécutions
De 1841 1845,240 condamnations, 178
exécutions; ob «iitos;
De 1846 1850,245 condamnations, 85
exécutions
De 1851 1856,282 condamnations, 138
exécntiotis
De 1856 1860,217 condamnations, 120
exécutions;
De 1861 1865,108 condamnations, 65
exécutios;
De 1866 au 1" janvier 1869,50 condam
nations, 31 exécutions.
Ainsi, dans les huit dernières années,
134 condamnations n'ont été suivies que de
94 exécutions, ce qui ne donne pas 12 par
an sur une population évalue 38 millions
d'habitants.
Depuis 1830 jusqu'à nos jours, la cour
d'assises de la Seine a prononcé 106 con
damnations capitales, dont 49 ont été
commuées.
Dans une période de 40 ansl'échafaud
n'a donc été dressé que 57 fois sur nos
places publiques.
Exécution de Tropmann. S'il faut
en croire le Journal des Débals, le dénoue
ment de cet horrible drame aurait été en
touré de circonstances réellement affreuses.
Voici ce que raconte la feuille parisienne
Péniblement Tropmann gravit les dix
marches de l'échafaudsoutenu de très-
près et poussé par l'exécuteur. On le plaça
devant la bascule, qui s'abattit aussitôt. A
ce momenl,,.la bête féroce qui vivait eu cet
homme se réveilla. Sa résignation disparut
et il ne voulut pas mourir. M se jeta vers
la droite et, se sentant ramené au centre
par l'exécuteqr, il déploya, avec une éner
gie extraordinaire, cette souplesse, cette
force qui l'avaient fait si redoutable. Ap
puyé sur le ventre contre la bascule, il se
cambra se lança en avant et dépassa des
deux épaules la demi lune où sa tête aurait
dû être enclavée.
L'aide placé en avant, lo saisit par les
cheveux et le repoussa; l'exécuteur le prit
par le cou pour le refouler eu arrière.
Paris, 19 jauvier
(J«ecxot, 19 janvier.