jours, le courrier de Copenhague ne nous I
arrive plus.
Est ce dire que la mer Baltique, secouée
par les furieuses tempêtes du Nord, a brisé
lesnavircs et englouti les correspondances?
Non, ce retard tient un phénomène
assez rare et bfen curieux qui ne s'est pas
produit depuis 1865.
On sait que l'espace qui sépare la pénin
sule danoise de la côte de Suède est occupé
par une suite d'îles et de détroits qui alter
nent, et qui représentent assez bien un
gigantesque pont dont les îles forment les
piles, et les détroits les arches.
L'été le voyage est charmant.
On passe du chemin de fer au bateau
vapeur, des eaux bleues de la mer du Nord
aux prairies verdoyantes de la terre Scan
dinave.
L'hiver arrive et la scène change.
La neige étend sa nappe blanche sur le
sol, la glace couvre les vagues d'une calotte
grise
Comment faire pour passer d'un conti
nent l'autre? Si la mer était prise partout
ce serait facile mais il faut compter avec
le vent et avec les terribles courants qui
déplacent les glaçons.
Les trois principaux détroits ont des
fortunes diverses. Le petit Belt et le Sund,
qui touchent, l'un au Juiland, l'autre la
Suède, gèlent franchement. Ils deviennent
solides. On peut s'y fier.
Le grand Belt, qui forme l'arche cen
trale, prend plus rarement un parti.
Le plus souvent, il reste libre, c'est à-
dire qu'il se hérisse de glaçons mobiles
entre lesquels on peut encore naviguer.
Quelquefois aussi, il se ferme tout fait.
De menaçant qu'il était, il devient calme
et perfide.
Alors commencent les scènes émouvan
tes que nous avons vues il y a cinq aus, qui
se renouvellent en cc moment, et que nous
allons essayer de décrire.
Le détroit est gelé. Il a sept lieu de large
de Korsœr,enSeeland,à Nyborg, en Fionie.
Lesglaçons annoncelés s'étendent perte
de vue eomme une grande plaine inégale.
Comment franchir ce désert mobile que
le premier coup de vent va disloquer et
fondre? Comment s'aventurer sur ces mas
ses qui tremblentsur ce sol qui, d'un in
stant l'autre, va redevenir mer?
L'industrie et le courage de la forte race
Scandinave y ont pourvu.
Au milieu du grand Belt, la providence
a placé une petite île peine visible sur la
carte. C'est le point d'appui pour traverser
l'abime, l'oasie de ce Sahara glacé.
Là, le gouvernement danois a fait élever
une grande maison de pierre, qui peut
abriter cent voyageurs ou marins. Lescaves
sont pleines de vivres et de barils d'eau
de vie. Les voyageurs peuvent resterquinze
jours bloqués dans ce refuge, et il faut
lutter contre l'ennemi terrible le froid.
Sur la côte de Seeland douze bateaux
sont prêts, en tout semblables aux autres
barques, sauf le fond, qui est en fer. Dans
chaque embarcation, un capitaine et huit
hommes couverts de ces vareuses en caout
chouc ciré qui préservent du froid et de la
pluie.
Ils sont prêts se dévouer, prêta mourir
s'il le faut ils n'attendent pour cela que le
signal.
Le signalun homme va le donner. Il
est làdans une tour en boisscrutant le
ciel et interrogeant l'horizon. De sa vigi
lance et de son expérience dépend la vie
des marins et des passagers.
S'il prévoit la débâcle, le terrible Driviïs,
il défend de partir; s'il croit qu'on peut se
fier ce pont douteux, il donne l'ordre,
car il est maître absolu. Il répond quelque
fois de trois cents existences.
Les passagers et les bagages sont placés
au centre, le capitaine en l'arrière, les huit
marins rangés les pieds sur la glacé, les
mains sur le bordage, quatre de chaque
côté;
On part. Les durs matelots du Nord
polissent les barques avec leurs bras vigou
reux chaque effort elles se soulèvent et
retombent broyant les blocs de glace de
leur quille de fer.
On avance lentement. Souvent le trajet
dure dix hporesdouze heures, quinze
heures même. Parfois aussi la glace se fond
juste au moment où on va loucher la terre,
il faut revenir au point de départ et essayer
encore le lendemain.
Enfin on aborde. Le capitaine saute le
premier sur le sol ferme il agite son cha
peau et les passagers lui répondent par
neuf hourras.
Ce sont là les voyages heureux. Mais il
y a des jours sombresoù le vent se lève
tout coup, cù le courant sape par la base
le terrain fragile. La glace se fond, s'pffon-
dre, se disperse. Le traîneau redevient bar
que; il peut flotter, il flotte, il est sauvé.
Non, il est perdu.
La nuit est venue, la terre a disparu, la
tempête se déchaîne, et le malheureux ba
teau entraîné par le formidable courant,
va se perdre dans les sombres profondeurs
de la Baltique.
C'est fini, il ne revient jamais.
Il y a quinze ans, deux barques disparu
rent ainsi avec leurs équipages et leurs
passagerset la mer a gardé le secret de
leur agonie. (Petit Moniteur.)
Les prairies flottantes. On s'est par
fois préoccupé de l'éventualité de la dispa
rition du guano, par suiie de l'activité qu'a
prise l'exploitation des gisements des îles
Chincha. Voici de quoi rassurer tous les
agriculteurs du monde.
On vient, paraît ilde découvrir nne
inépuisable mine d'engrais dans les immen
ses prairies flottantes d'algues marines qui
se trouvent dans les parages de l'Equateur.
Ces dépôts sont, assure t-on, d'une telle
richesse, qu'ils peuvent fournir une quan
tité d'algues suffisante pour fumer 900
millions d'hectares, trois fois l'étendue
de l'Europe.
Vendredi soir, un commis bijoutier
du Palais RoyalParis porteur d'une
boîte de bijoux, cheminait paisihlement
dans la rue Montorgueil. lorsque, l'angle
formé par la rue de Turbigo, il fut accosté
par une jeune femme qui lui sauta au cou
et l'embrassa plusieurs reprises.
Pendant ce temps, un individu qui se
trouvait embusqué dans la voisinage se
précipita sur l'employé, lui enleva sa boîte
de bijoux, lui asséna sur la tête un formi
dable coup de gourdin, et après avoir crié
la femme sa complice: Sauve toi! il
s'enfuit de son côté toutes jambes dans
la rue de Turbigo.
Cependant, quoique étourdi, le placier
ne perdit pas complètement l'esprit. Il ap-
pela au secours; ses cris furent entendus
par la sentinelle de la Pointe-S' Ëustache,
qui, son tour, cris Aux armes!
A cet appel soudain, des sergents de ville
et les militaires du poste accoururent.
Le factiounaire leur dit qu'il avait en
tendu crier au secours du côté de la rue
Montorgueil.
Quatre ou cinq agents de la force publi
que se dirigèrent de ce côté. Ils relevèrent
M. X. qui, après beaucoup d'efforts, put
lui indiquer la route prise par son voleur
audacieux.
Quelques sergents de ville se mirent
sa poursuite et furent assez beurçtix pour
l'arrêter au moment même où, derrière la
clôture d'une maison en constructionîj 11
admirait un magnifique écrin.
Mais ne voulant aucun prix aller en
prison, il essaya de résister aux agents.
Après en court pugilat, force resta la loi.
Pendant la lutte, quelques diamants de
prix roulèrent sur la chaussée on n'a pu
les retrouver..,..,. mmvrnm
Le lendemain de cette scènequand le
voleur fut conduit devant M. Tenaille
commisaire de police des Halles, une jeune
femme, très simplement vêtuese présen
tait au commissariat pour réclamer son
On lui posa tant de questions au sujet
de l'affaire de la nuit précédente, laquelle
elle affirmait ne pas avoir pris part, que
bientôt, bout de réponses satisfaisantes,
elle déclara être la complice de l'individu
arrêté. On les mit l'un et l'autre en état
d'arrestation.
Le vol dont a été victime le placier
s'élève près de 400,000 francs Ce mal
heureux est presque fou de désespoir.
flfcÔW® nu *évqA ci ?>h ntsnàlii»
A Hermalles sous Argeoiean, mardi soir,
étaient réunis chez Maka et pour boire avec loi,
ou sieur Dechamps, un domestique de M. le no-
taire Biarde Liège et une troisième personne.
Ces quatre individus ont bu do genièvre, non pas
au verre, mais la jatte. Ils eu absorbèrent d'a
bord quatre pintes. A la suite d'un ignoble défi,
le sieur Decbamqs voulut boire une cinquième
pinte. Mais, voyant que ses camarades i>e buvaient
plus et approchaient simplement leurs lèvres pour
l'exciter boire, il se mit en colère. En se colle
tant, Dechamps et Maka s'entraînèrent mutuelle
ment jusqu'au seuil de la porte. Lb, Maka tomba
et Dechamps sur loi. Au bout de quelques instants,
Decbamps s'aperçua que Maka ne doooait plus
sigoc de »»e. Dcohampe a été arrête. Il soutient De
pas se rappeler ce qui s'est passé, étant complète
ment ivre, il prétend n'avoir pas frappé soo ad
versaire. nuom ll-tti&il linuntanua..» «1
On écrit de Celte l'Union nationale de
l'Hérault qu'un jeune homme de cette ville .vient
de se toerprécipité d'un troisième étage dans la
rue, par suite de la rupture du balcon sur lequel
il s'appuyait et qui s'est détaché.
Depuis lundi dernierdit la Patrie de
Pa tis, quelques journaux ont publié d'émouvants
articles sur une large mare de sang, dout ou peut
encore voir les traces sur |a voie publique, eu face
du numéro 43 du boulevard Malesberbes, l'angle
de la rue Lavoisier.
Des renseignements authentiques permettent de
faire connaître la véritable cause d'un phénomène
qui a produit dans le quartier une profoude sensa
tion. La mare rouge en question est effectivement
do sang..., de porc, qu'un garçon charcutier a ré
pandu par mégarde dimanche matin. Ce garçon,
le sieor Rportant un pot rempli de sang snr
sa tête, est tombé accidentellement en glissant sur
la neige et a ainsi répandu tonte sa marchandise!
FRANCE.
Paris, qi février.
Voxi le texte du décret qui convoque la haute
cour de justice pour juger le prince Pierre Bona
parte
NAPOLÉON,
Par la grâce de Dieu et la volonté naliooale,
empereur des Français,
A tous présents et venir, salut;
Sur la proposition de notre garde des sceaux,
ministre de la justice et des cultes,
Avons décrété et décrétons ce qui snit
Art. La ebambre de jogement de la
bante cour de jostice est convoquée pour le luodi
ai mars 1870, onze heures do malin, an palais
de justice de la ville de Tours, département d'In
dre et- Loire.