On écrit de Paris, mardi soir, la Pall Mail Gazelle: Il y eut un vacarme terrible hier soir dans la rue de Jérusalem, causé par l'étal du préfet de police, que l'ivresse avait rendu fou furieux. Quelques- uns des gardes nationaux de garde décla- rèrent que Son Excellence (sic) se li.vrail des ébats qui nécessitaient une intervention immédiate, car H donnait des ordres pour l'arrestation de ses amis, parmi lesquels se trouvent plusieurs membres du Comité central, et la garde nationale était fort alarmée au sujet de la sécurité du gouver nement. Le préfet est un homme d'une grande force physique, ayant eu jiour oc cupation, avant son avènement sa dignité actuelle, de transporter des barres de fer la fonderie, besogne qui a fortifié ses mqscles sans développer ses facultés intel lectuelles. Une longue consultation çyant eu lieu, quelques guerriers intrépides ont monté l'escalier1 de la préfecture, et après une horrible explosion de jurens et de blasphè mes, avec accompagnement de meubles cassés, le-monstre a pu être mené hors de sa tanière. Comme c'est un homme colossal, il fallut six gardes nationaux pour le maî triser, et sa lutte sur l'escalier donna une idée avantageuse de son éducation physi que. Sa longue chevelure rousse ondulait comme une crinièreet il roulait avec fu reur ses gros yeux bleus. Tandis qu'on cherchait un fiacre pour transporter cet aimable fonctionnaire, on l'enferma dans une chambre du rez de- chaussée; et quand enfin on eut pu se pro- curer le fiacre désiré,ons'aperçpt(spqçtacle plein d'horreur) que Son Excellence avait mis le temps profit pour se déshabiller. Il serait oiseux de parler du temps perdu, de la lutte a, outrance qu'il fallut engager pour réintégrer le préfetdansses vêtements; il beuglai (comme un taureau furieux,quand on le précipita dans le fiacre. Les gardes nationaux s'efforcèrent de lui, porter les arme?., mais leur éjat n'était q,u'qu peu moins déplorable que celui du personnage qui hurlait comme une bête féroce, tandis qu'on l'expédiait Montrouge. Au moment où le fiacre partaitle préfet passa la tête par la portière, en vociférant qu'il récla mait les insignes de ses fonctions; il s'apaisa quelque peu lorsqu'on lui donna son por tefeuille,, son écharpe officielle et son habit queue de morue. Le véhicule, en dispa raissant oscillait comme pu navire battu par l'orage, effet probablement des efforts du préfet cherchant s'échapper. Une épidémie terriblele choléra foudroyantsévit Saint Pétersbonrgoù il a déjà fait un grand nombre de victimes, Une correspondance de cette ville, datée du 20 mars, dit que le prince d'Oldenbourg, troisième fils du prince Pierrecousin de l'Empereur, la princesse Tcherkasky et plusieurs autres personnes, sont mortes après quelques heures de souffrances hor ribles. La Commune a fait placarder lundi soir l'affiche suivante Les dépêches officielles suivantes sont arrivées de Versailles Ou lit daqs la Liberté La tyrannie jacobine de Paris est l'œu vre. iVoici les odienx décrets qu'elle a fait paraître dans son journal officiel La Commnne de Paris, La Commune de Paris. FRANCE. Paru, 5 avril, matin. Le plateau de Châtillon est topjours, ce tnatio, dans les mains des troupes de Versailles, qoi y ont installé des batteries d'où elles tirent incessamment sur les forts d'Issy et de Vanves, et sur le «ai de Mendon. La caooooade a commencé b deux heures du matio elle continue encore. Uo grand désarroi régnait hier après-midi dans le fort d'Issy. Le Comité continue h expédier des renforts snr le théâtre de la lotte. Daos l'engagement d'hier les oationaox ont été obligés d'abandonner la batterie du Val Fleury. Ils se sont retranchés dans les maisoos de Vanves et d'Issy, Les troupes de Versailles ont ensuite établi une batterie aux\Cha!ets. Aucun engagement n'a eu lieu depois hier de Meudon jusqu'à Courbevoie. 600 zouaves occupent Bongival avec des gen darmes cheval. Les bruits qui cirquîpnt s'accordent b dire que la journée d'hier a été au moins aussi funeste pour les nationaux que celle dje lundi. Paris, 5 avril, 6 h. du soir. Le Journal officiel publie la proclamation sui vante Citoyens, chaque joor les bandits de Versailles égorgent ou. fusillent nos prisooniers. A toute heure on nous apporte la oouvelle d'an de ces assassinats coupables. Vous les connaissez, ce sont le» gendarmes de ville de l'Empire, ce sont les royalistes de Cbarette et Cathelineau qui marchent contre Paris au cri de: Vive le Roi! et drapeau blanc en tête. Le gouvernement de Versailles se met en de hors des lois de la gaerre et de l'humanité; force nous sera d'oser de représailles sicontinuant b méconnaître les conditions habituelles des lois de la guerre entre peuples civilisés nos ennemis mas sacrant encore un seul de nos soldats. Nous répondrons par l'exécotion d'un nombre égal ou double de leurs prisonoiers. Toujours gé néreux et juste, même dans sa colère, le peuple abhorre le sang comme il abhorre la goerre, mais il a le devoir de se protéger contre les attentats sauvages de ses ennemis. n Quoiqu'il eo coûte, reodons œil pour œil, dent pour deoi. 5 avril. Signé: La Commune de Paris. Versailles, 5 avril,g h. 4?» m. du soir. Les insurgés qui occupent les forts d'Issy et de Vanves continaent a cauouner la redoute de Châ tillon sans résultat. Les insurgés ont attaqué Sèvres cette noit, mais ils ont été repoussés. On parle de tronbles b Limoges. A la garde nationale de Paris. Les conspirateurs royalistes ont attaqué. Malgré la ipodération de notre attitude, ils oot attaqué. lté pouvant plus compter sur l'armée française, ils oot attaqué avec les zouaves poolificaux et la police impériale. Non contents découper les correspondances avec les provinces et de fajre de vains efforts poqr nous vaincre par la farnipe, ces furieux opl voulu iipj|er jusqu'au bout les Prussienset bombarder la capitale. Ce matio, les chooans de Cbarette, les Vendéens de Catbelioeau, les Brel.qps de trQchi|, fllaoqués des gendarmes de Valentio, ont couvert «je mitraille et d'obus le village inpffensif de Neoilly et engagé la guerre, civile avec nos gardes oationgqp. Il y a eq des morts et des blessés. Élos par la population de Paris, notre devoir est de défendre la grande cité contre les coupables agresseurs. Avec votre aide, nous la défendrons. Paris, a avril 1871. La commission exécutive Bergbret, Eudes, Duval, Lefrançais, Félix Pyat, Tridon, Vaillant. Versailles 3 avrilg h. du soir. Le chef du pouvoir exécutif aux préfets, sous- préjets, procureurs généraux, procureurs de lu République, généraux commandait les divisions. Excités par le combat d'hier les insurgés opl ▼oolu revenir sur Courbevoie et ils se sont portés eo masse sor Naoterre, Rueil èt Bongival. En même temps, une colonne descendait du Nord sur Bezoos, Cbatoo et Croissy. Le mont Va- lérieo dès le point du joura ouvert son feu sor les colonnes, et chaque obns qui tombait snr elles mettent en fuite les groupes atteints. Les insnrgiés ont cherché 00 refuge dans Nao terre, Rueil et Bongival, et ils oot essayé d'attaquer nos positions. Les brigades Garnier, Dandcl et Urmont, arec deux batteries de réserve de 13, ont vivement ca- I nooué et les ont bientôt obligés b lâcher prise. Le géoéral Viooy, qui s'était porté sur les lieux et qui avait b sa droite la cavalerie du général Du- preuil, ayant menacé de tourner les insurgés, ils se sont dispersés eo désordre et oot laissé le terrain couvert de Ignrs morts et de leors blessés. C'était une affreuse.déroute. Au même iostanl,b l'extrémité opposé do champ de bataille, les insurgés attaquaient vers Sèvres, Meudon et le Petit- Bicêtre en nombre considérable. Ils oot rencontré sur ces points la brigade La Mariooze et l'iofatilerie do corps des gendaimes. Ces derniers sont entrés dans Meudon, fusillés par les fenêtres, et se sout comportés a»ec une admi- rabla valeur. Ils ont délogés les insurgés, qui ont laissé un grand nombre de morts dans les rnes de Meodoo. A droiteles masses dn général Brnat et la bri gade de Rocrat, de la division Faron ont enlevé le Petit-Bicêtre sons les yeux de l'amiral Potbuan, qui s'était transporté en cet endroit et les dirigeait. La journée s'est terminée par In foilé désordon née des insurgés vess la redoute de Cbâtillon. Leur dispersion et leur fuite précipitée sont cause qu'il y a eu plos de morts que de prisonniers. Cette joornée qui aura coûté de grandes pertes b ces aveogles, menés par des malfaiteurs, sera décisive pour le soft- de l'insurrection. Tout fait espérer qo'elle ne sera pas longtemps b sentir soo impuissance et b débarrasser Paris de sa présence. A. Thibrs. Versailles, 4 avril, 3 h. du matin. Le ministre de t intérieur aux préfets. Lés insurgés de Paris sont sortis hier malin en grand' nombre et se sont dirigés snr Versailles en plusieurs colonnes, avec artillerie. Ils ont été mis eo dérootesnr tons les points et ont subi des pertes sérieuses. Flonreos a été tué dans la lotte. L'armée est pleine d'enthousiasme; elle s'est conduite ad mirablement et témoigne l'intentioo d'en finir avec les factieux, doot la conduite, aujourd'hui dévoilée, révolte tons les honnêtes, geos. Ernest Picard. ""«T.. OSE CEKIEIME DÉPÊCHE. Commune de Paris. Ordre du Comité central l'officia qui commande le bataillon Je garde Ouest ceinture. Fairq arrêter tous les trains se dirigeant snr Paris b Ouest-ceinture. Mettre uo homme énergique b ce poste jour et onit. Cet homme devra avoir une poutre poor monter la garde. A l'arrivée de chaque train il devra faire dérailler le train, s'il ne s'arrête pas. Paris, 3o mars. Henry. Chef de légion. Considérant qoe les hommes dn gouvernement de Versailles ont ordonné et commencé la guerre civile, attaque Paris, loé et blessé des gardes natio naux des soldats de la ligne des femmes et des eofants; Considérant qoe ce crime a été commis avec préméditation et f^iet-apens, contre tout droit et sans provocation De'ciète Art. 1". MM. Thiers, Fa«re, Picard, Dufaure, Simon et Pothoao sont mi» eq accosatioo. Art. 3. Leurs biens seront saisis et mis sous sé questre, jusqu'à ce qu'ils aient comparn devant la justice du peuple. Les délégués de la justice et de la sûreté géné rale sqot chargés de l'exécotion du présent décret. ANGLETERRE. Lchdres, 5 afril. Le Times publie la dépêche suivaoïe de Ver sailles i5 mille insurgés sont prisonniers. Paris est con sterné. La population de Versailles ep\ grandement indignée contre les insurgés. t

HISTORISCHE KRANTEN

Le Propagateur (1818-1871) | 1871 | | pagina 2