D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
54me Année.p Mercredi 17 Mai 1871. N" 5,594.
BULLETIN DU JOUR.
Le siège de Paris toocbe son dénoue
ment. Déjà l'artillerie, qui s'est peu peu
rapprochée de la place, a ouvert plusieurs
brèches dans le mur d'enceinte, et l'assaut
ne tardera pas être donné.
Les gardes nationaux de Paris sont de
moins en moins disposés lutter outrance
pour la cause de la Commune. Avant d'a
bandonner le fort de Vanves ils avaient
déjà abandonné le village d'Issy, pendant
une absence de leur chef; le colonel Bru
nel. Celui ci, pour se justifier, a demandé
une enquête et sa mise en accusation.
Au dire d'un télégramme de Saint-
Denis, il serait question d'une suspension
d'armes du côté des forts d'Issy. de Vanves
et de Montrouge afin de permettre aux ha
bitants de se mettre en sûreté, pomme on a
dernièrement permis de lé faire ceux de
Neuilly. Cette trêve devait être conclue
dimanche matin mais lesédernières nou- i
velles de Versailles n'en disfent pas un mot.
ce qui doit nous faire considérer le fait
comme douteux malgré les motifs d'hu
manité qui plaident pour sa confirmation.
Les dissensions se développent de plus
en plus l'intérieur de la capitale, qui
tombera avant ses barricades par le désar
roi qui règne parmi les chefs de l'insurrec
tion La confiscation des propriétés privées,
les persécutions dirigées contre la culte, la
transformation des églises en clubs révo
lutionnaires les discours insensés qui s'y
font entendre, les arrestations arbitraires
des meilleurs citoyens, tous ces faits ont
achevé de les rendre odieux même leurs
propres partisans. Aussi les bruiis de con- j
spirations ourdies contre la Commune
prennent ils plus deconsistanceque jamais.
S'il faut en croire le Réveil, le Comité de
salut public ne se sentirait plus l'aise
dans l'exercice du pouvoir dictatorial qui
lui a été conféré, et il demanderait la
Commune de le décharger d'une mission
dont la responsabilitéluisembletroplourde
porter. C'est évidemment le commence
ment de la fin.
La lettre manifeste du comte de Charn-
bord fait sensation. Elle occupe en ce mo
ment une grande place dans les préoccu
pations de la France au sujet de l'avenir.
Plus l'état de choses anarchique se pro
longe, plus aussi les esprits sérieux médi
tent sur la nécessité absolue de sortir de
l'imbroglio gouvernemental où l'on se
trouve. Lorsque le gouvernement régulier
de Versailles aura vaincu les usurpateurs
et les révolutionnaires de Paris, la France
n'anra plus qu'une pensée celle de choisir
une forme définitive de gouvernement.
Le Sénat s'est occupé hier de la discus
sion générale du budget de l'intérieur. Les
divers orateurs qui ont pris la parole dans
ce débat ont principalement traité la ques
tion de l'enseignement.
La Chambre des représentants a procédé
mardi au second vote des articles du projet
de réforme électorale qui avaient été amen
dés ou ajoutés au premier vote. Ces articles
ont été définitivement adoptés sans modi
fication nouvelle, sauf l'article 1", dont
l'amendement de M. Tack a été retranché
la demande de M. le ministre des finances,
et l'art. Il introduit au premier vote sur
la proposition de M. Baraet auquel le
gouvernement a fait substituer maintenant
une rédaction nouvelle
L'ensemble du projet de loi a été adopté
par 62 voix contre 37 et 8 abstentions.
La Chambre s'est ensuite occupée de
pTojets de loi concernant l'érection ou la
délimitation de communes.
Elle commencera aujourd'hui la discus
sion du budget des travaux publics.
Un arrêté royal du 13 mai dispose que le
tarif des indemnités' payer par jour de
j présepce aux instituteurs qui assistent aux
aonférences trimestrielles est modifié com
me suit:
Pour les instituteurs habitant au lieu de
la conférence, 1 franc;
Pour les instituteurs qui habitent toute
autre localité, 3 fr.
M. De Buck, curé depuis 1842 Roose-
beke, est décédé dans cette commune
dimanche dernier, l'âge de 72 ans.
M.'Van de Pulte, curé de Vinchem,
est décédé le 11 mai, l'âge de 57 ans et 8
mois.
La citadelle de Gand et ses dépendances
ont été définitivement mises la disposition
de l'autorité communale, représentée par
le collège des bourgmestre et écbevins de
cette ville.
L'école de guerre prépatoire, pour
les sous-officiers, est installée le 16 de ce
mois, Brugesdans les bâtiments de
l'école régimentaireprès de la porte de
Damme.
Le comte et la comtesse de Flandre
ont visité la Musée de KensingtonLon
dres, mercredi matin. Le même jour. LL.
AA. RR. ont dîné avec la Reine au palais
de Buckingham, et ont passé la soirée chez
le comte Bernstorff, ambassadeur d'Alle
magne et de là se sont rendues un bal
chez le duc de Northumberland.
Le comte et la comtesse passeront encore
une semaine Londres.
Le prince et la princesse Murât sont
arrivés le 4 Bruxelles et descendus l'Hô
tel de Saxe.
On affirme que l'état sanitaire de la
ville de Bruxelles et de sa banlieue s'est
amélioréconsidérablement depuis quelques
jours.
A la halle de Parismardi matinle
poisson a apparu vers les onze heures.
C'est un train de marchandises qui, en dé
pit de la surveillance versaillaisea réussi
entrer dans Paris. Il est arrivé égalemen t
la balle une grande quantité de beurre et
de légumes.
Trente deux voitures ont forcé la con
signe qui interdit Saint Denis de laisser
entrer aucuns vivres dans Paris.
Les paysans, furieux de voir entraver
leurs opérations commerciales depuis plu
sieurs jours, s'étaient mis en tête de se
mutiner.
Quand les gendarmes leur ordonnèrent
de rebrousser chemin, ils se révoltèrent.
Les Prussiens furent appelés au secours
des représentants de la loi (versaillaise),
mais déclarèrent n'avoir se mêler en rien
de ces affaires.
Un rixe s'engagea coups de bâton de
pierre, et, nous croyons, de couteau les
gendarmes furent battus, et les provisions
entrères triomphalement dans Paris.
(Mot d'ordre.)
Le Courrier de CEure nous donne sur
l'état des récoltes dans ce département des
nouvelles excellentes. Les blés, les avoines,
les trèfles rouges même, qu'on avait cru
perdusles poids et les vesres sont dans
un état parfait. Les colzas seuls, dans cette
contrée, ont beaucoup souffert. Les arbres
fruits se sont un peu dédits; quant aux
pommiers cidre, tout indique qu'ils don
neront cette année une réolte abondante.
Une insurrection moins lointaine et
plus redoutable est celle quid'après une
dépêche de Constantinople. vient d'éclater
dans la Serbie. La tribu des Kralenitscbi
se serait révoltée et aurait mis le siège
devant la ville de Diakovicz. Pareil fait est
d'autant plus grave dans la principauté
serbe qu'elle se trouve, comme on sait, en
régence depuis l'assassinat du prince Mi
chel.
Les troupes françaises ont remporté
le 6 de ce mois une victoire sur les insurgés
de l'Algérîe. Comme le chef de la révolte
a péri dans lecombat,on espère Versailles
que ce succès sera décisif. Le fait présente,
comme on voit, une certaine analogie avec
celui qui nous était signalé hier de Con
stantinople au sujet de la rébellion des
Arabes de l'Assyr, qui ont été battus par
les troupes de Mustapha-Bey et ont dû faire
leur soumission au gouvernement turc.
Le terrorisme révolutionnaire vient
de donner Paris le signal des exécutions
sanglantes. Quatre gardes nationaux ont
déjà été passés par les armes comme cou
pables de trahison.
Une grande chasse l'ours a été or
ganisée, Trente et il s'y est produit un
horrible accident. L'ours s'est précipité sur
un chasseur nommé Messne et lui a litté
ralement arraché la mâchoire inférieure
et la langue. Lesautreschasseurs om léu.-si
tuer l'animal, qui est énorme et pèse 280
livres. La blessure de Massue est affr.-use
voir. Le malheureux n'est pas em ne-
mort; on le nourrit au moyen d'un inl»e
que l'on introduit dans l'œsophage. Il ne
peut du reste tarder succomber.
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