Ceux des détendeurs qui se trouveront
dans l'impossibilité de conduire cette
destination les animaux qu'ils possèdent,
par suite d'accident ou de maladie, auront
faire constater l'étal de ces bêtes par un
médecin vétérinaire.
Le passage par Liège des prisonniers
français continue journellement.
Vendredi 2 juin seize sont arrivés par
le dernier train du soir et sont repartis le
lendemain pour Givet.
200 autres prisonniers sont arrivés sa-
medi venant de Cologne, également par le
dernier train. Ces hommes ont fait étape
Liège et sont repartis hier dimanche.
Ils appartiennent des corps de toutes
armes et sont porteurs de leur grand et
petit équipementles armes exceptées,.
Comme il y a toujours des sous officiers
parmi eux, le plus élevé eu grade prend la
direction de l'escorte.
Les prisonniers restant en Allemagne et
qui u'ont pas le pécule nécessaire pour re
venir jusqu'à Liège, d'où on les dirige sans
frais vers la France, attendent impatiem
ment l'heure de la délivrance, qui ne son
nera pour eux que lorsque les trains spé
ciaux seront organisés cet effet.
Les Liégeois font unexcellentaccueil aux
expatriés français. On cite un honorable
commerçant quijeudi soiren a hébergé
neuf lui seul.
Les transports des pigeons partis de
Liège ces jours dernierset qui ont été lâ
chés en France dimanche malincompa
raient 880 paniersrenfermant en totalité
44,000 voyageurs ailés.
Ces pigeons ont été dirigés sur Erquelin-
nés, Saint Quentin, Maubeuge, Landrecies,
CreilCompiègne, Pont Sainl-Maxence
Rouen et Chantilly.
Ces transports se sont encore accrus
considérablement sur le parcours du che
min de fer. C'est ainsi que lundi 29 mai,
en constatant l'importance de l'envoi deja
semaine antérieure nous l'évaluions au
chiffre de 46,000 pigeons. Or, il résulte des
renseignements fournis par les convoyeurs
revenus Liège que ce chiffre s'est accru
jusqu'à 78,000 pigeons, par suite des envois*
des soéiétés locales établies sur le parcours
de la voie ferrée.
Il y a Liège des sociétés tellement im
portantes qu'elles fournissent jusque 130
panniers pour le lâcher, soit en moyenne
6,300 pigeons.
Chaque société a un ou deux convoyeurs,
selon l'importance de son expédition les
quels sont porteurs d'un sac de vesces et
de cruches pour alimenter et désaltrer les
pigeons.
Chose digne de remarque et qui prouve
combien les pigeons aiment revoir leur
colombier, c'est qu'au lâcher, lorsque l'on
ouvre la porte assez restreinte de leur pa
nier, tous se précipitent la fois vers l'ou
verture et volent de suite vers leur desti
nation. Il importe d'autant plus d'ouvrir
rapidement les divers paniers que, dès
qu'une partie des pigeons prend son vol,
ceux qui sont encore captifs sont dans une
telle agitation qu'ils s'entredétruiraient par
fois, si on ne les délivrait aussitôt.
On a terminé au Père Lacbaise des
fouilles destinées déloger de leurs ca
chettes un certain nombre de défenseurs
de la Commune qui avaient, pendant la
bataille, avant l'entrée des troupes dans le
cimetière, dissimulé leur présence en se
hlotissant dans les cryptes des chapelles
funéraires ou sons les pierres tombales
dont la disposition se prêtait cette opé
ration
M. le baron Van Caloen-de Gourcy,
sénateur de Bruges, vient d etre nommé
comte romain par S. S. Pie IX, en récom
pense des nombreux services qu'il a rendus
au Saint-Siège.
FRANCE.
Le Figaro dorme les détails que voici sur
l'arrestation de Pascbal Grousset
Depuis cinq ou six jours, ou soupçonnait for
Cinquante insu'gn's ont été pris dans ces
circonstances.
V ers ailles 6 juiu.
Le service de la poste entre Paris et l'étranger
est entièrement rétabli.
Le duc d'Annale, venant de Normandie, est
arrivé hier k Hondan, d'où il est allé k Saint-
Germain.
Des ordres oot été donnés k Paris poor arrêter
tons les employés civils de la Commnne.
Versailles 7 juin.
Le Journal officiel pnblie les nominatioos sui
vantes M. Picard, goaverneor de la Banque de
France; M. Rooland, procureor-général de la conr
des comptes. J'
Lnllier a été arrêté lundi.
Le broit de troubles k Lyon on dans d'autres
villes de protioces est démenti.
Versailles, 8 juin.
Le Journal officiel publie une circulaire de
M. Jules Favre, datée du 6 juin, sur les causes de
l'insurrection de Paris, doot les priocipales sont
l'accumulation de 3oo mille ouvriers amenés k
Paris par les travaux de l'Empire, les menées et
les agitations des jacobiosqoi ont été vaincus le
3i octobre et le 33 janvier; enfin, l'action de
l'Association internationale des travailleurs, dont
la circulaire expose les doctrines et les dangers.
Cest k la prison de la rue Sainte-Pierre, k Ver
sailles, qne Rocbefort est incarcéré depuis le joor
de sou transfert k Versailles; il occupe une des
deux cellules affectées aox condamnés k mort
cellules étroites et très-obscures, puisqu'elles ne
reçoivent le jour qne par nn corridor, pen éclairé
loi-même. Mourat est dans la cellule où a passé
l'assassin Poncet; celle que l'on a donnée a Rocbe
fort a eu pour bôte le parricide Pivost, exécuté au
mois de mai 1867. C'est le dernier supplicié qu'il
y ait eu k Versailles.
Depuis quelques jours, Rocbefort est soucieox,
préoccupé taciturne. Parfois même il laisse voir
k ses gardiens qu'il est ioquiet sur le sort qui l'at
tend. Il parle peu. Sdn repas du matio se compose
habituellement daune côtelette et de radis parfois
ily ajoutedeox œufs. Il déjeuoe d'assez bon appétit;
mais le soiril a beaucoup de peine k manger la
moitié de son diner. Il met soigoeosement de côté
les plats non achevés, qu'il garde pour le lende
main.
L'abbé Follet, aomôoier de la prisoo, va le voir
presque tons les joors. Rocbefort le reçoit avec
politesse mais avec froideuraffectant de De rien
loi demander. Ces jours derniers, cependant, il a
accepté quelques livres, mais il De les a pas Ins.
C'est k peine s'il a feuilleté un des volomes des
Voyages du capitaine Coct. Son esprit n'est pas
la lecture. La plupart du temps ses entretiens
avec l'aumônier se bornent k ce coort dialogue
Avez-voos besoin de quelque chose, mon
sieur Rocbefort
Non, monsieur l'abbé, merci.
Rocbefortsurfont depuis deux on trois jours
écrit énormément. Rédige -1-il un mémoire k con
sulter? ou prépare-t il une histoire de l'insurrec
tion du 18 mars? C'est ce qne nous ignorons.
Toojnurs est-il qu'il passe k ce travail les trois
quarts de sa journée. Souvent même, comme il a
des insomnies fréquentes, ilae 1ère la nuit pour se
remettre k écrire.
Doe chose qui le contrarie beancoup, c'est de
ue pas avoir suffisatnmfnt de joor dans sa cellule.
Pendant la pluie de la semaine dernière, il a été
obligé d'allumer le gaz en plein midi. A ce sujet,
il dit k son surveillant
Ah! ceci ne vaut pas Sainte Pélagie!
En dehors des magistrats instructeurs et des
gardiens de la prison, personne n'a de communi
cation avec Rocbefort. [Figaro.)
tement que Pascbal Grousset l'ex-délégoé anx
relations extérieures, devait être caché dans la rue
Coodorcet. Il y a trois jours, ces soupçons se chan
gèrent en quasi-certitude; on allait dans le quartier
jusqu'à dire qu'il venait chaque matio déjeoner
chez une demoiselle Hacard, avec laqoelle il entre-
teoait depuis sept ans environ des relations intimes
et qui loge, o" 3g, rue Coodorcet.
Samedi donc, k une heure et demie de l'après-
midi, M. Duret, commissaire de police, accompagné
de deux ageots de la sûreté <t d'un serrurierse
présentait au quatrième étage de cette maison. Il
avait été prévenu que deux femmes y étaient logées
mais que l'ime d'elles venait de sortir; c'était Mcl>*
Hacard, qoi était allée acheter qoelqoes journaux.
Après on coup de sonnette, auquel il ne fut
fait aucune téponse, M. Duret fit eofoucer la porte
et vit d'abord 00e femme qni loi tournait le dos.
Cette femmepourvue en apparence d'une
abondante chevelure noire, 00 plutôt d'an chignon
énorme, attaché au sommet de la tête, était en,
jupon ooir et en camisole.
Vous êtes Pascbal Grousset, s'écria l'agent
de l'autorité en saisissant le bras de cette femme et
en la forçant de >e retourner.
Grooaset, car c'était bien lui, n'essaya ni de
nier, pi de faire la moindre résistance; il avona soo
nom et se déclara homme de lettres et membre de
la Commune, Puis il demanda k reprendre ses vête
ments masculins, ce qoi loi fat accordé, et la per*
quisition commença immédiatement.
Tont d'abord Groosset resta parfaitement im
passible, se vantant qn'on ne mettrait jamais I»
main sur ses papiers, et se flattant qn'il en serait
toujours ainsi. Mais lorsqu'on eot donné l'ordre de
fooiller le ciel de lit, il se troobla et pâlit.
Vous avex la cachette! s'écria-t-il.
Oo saisit, eo effet, ooe liasse énorme de do-
comeots, doot l'étude sera probablement fort inté
ressante pour l'histoire des relations extérieures
pendant la Commune.
Après uo premier idterrogatoire assez som
maire chez le commissaire de police, Grousset fut
dirigé vers la mairie do IX* arrondissement.
a II avait demandé la permission de fumer on
cigare, plaisir dont il était privé depuis dix jours
environ qu'il était déguisé en femme.
C'est, en effet, le 35 qu'on a cessé d'entendre
parler de loi, et toot porte k croire que c'est depuis
ce joor-lk qu'il s'est réfogié chez la D*lu Hacard.
a M,u* Hacard est une fort jolie brone de 34 ans
eoviroo, détaillé moyenne, d'oo extérieur modeste,
qoi oe maoqoe pas d'une certaioe distinction. Elle^'
paraît fort attachée k Grousset, qu'elle devait épou
ser avant peo; elle a fait tout ce qu'elle a pu pour
le sauver et s'est dite prêle k donner sa vie poor loi.
Uo de ses graods soucis, hier, a été de savoir si on
l'avait conduit k pied; elle redoutait pour loi la
longueur de la route et surtout les foreurs de la
foule. Sous ce dernier rapport, ses craintes n'étaient
pas exagérées. En effet, k peioe arrivé k la mairie
DroootGrousset fut reconnu et immédiatement
salué des cris
A mort, l'assassin! mort, l'incendiaire! qu'il
a aille k pied!
Uo peloton de troupe fut chargé d'escorter la
voilaie qui le renfermait, mais il ue put contenir
la fureur des assaillaots; ou s'efforçait d'approcber
de lui, on lui montrait le poing et l'on essayait de
le frapper. Plosieurs fois déjè, M. Duret s'était mis k
la portière poor inviter la foule respecter son
prisonnier.
Prenez patience, disait il, justice sera faite,
mais mon honneur de magistrat est engagé k ce
que je remette Pascbal Grousset vivant entre les
mains de la justice.
On I écoutait d abord avec déférence, mais
bientôt les clameurs reprénaient violemment, et il
est probable que justice aorait été faite sur l'heure
si le cortège n'avait rencontré M. le général Pradier,
qui s'enquit des causes de tout ce bruit. Il prit aus
sitôt indifféremment loirs les officiers et soldats
qu il trouvait sor la route et eo fit une escorte assez
imposante ponr dompter le torrent.
On se dirige» vers le palais de l'Industrie par
les boulevards et la rue Royale.
Au pftinl où les décombres s'amoncellent k
l'entrée du faubourg Saint Houuié, la fuient de